Ces constructions sont pour beaucoup issues de la période de respiration et de reprise de souffle qui a suivi la Guerre de Trente Ans (1618-1648).
Le règne autrichien arrivant, un style rural se met en place qui est connu sous le nom de maison de style
Marie-Thérèse (Impératrice d'Autriche 1740-1780). Ces bâtisses offrent au passant une surface continue en regard sur la rue et réunissant la partie d’habitation, l’étable et la grange sous un toit unique. Comme le précise le guide «Architecture sans frontières» publié par l’Association Ruralité – Environnement -Développement en 1987… «Les marchés, les diligences, les nouvelles routes poussaient le paysan à sortir de son isolement. Le servage fut aboli, les impôts et la corvée facilités. Des cultures agricoles comme celle de la pomme de terre améliorèrent le niveau de vie…Les régions dépendant des anciennes abbaye d’
Echternach, d’Orval, de Prüm et de Stavelot forment un bel exemple de patrimoine rural commun, celui que, de part et d’autres des frontières, nous nous efforçons de revaloriser».
Au XIXe siècle, ce type de maison évoluera par la construction de bâtiments en équerre qui dessinent une cour intérieure.
Le baroque s’y exprime le plus souvent dans l’encadrement ou le décor des portes et des fenêtres qui témoigne de la maîtrise des tailleurs de pierre, comme les portes des fermes ou les décors sculptés de l’église de
Koerich témoignent de celle des sculpteurs sur bois.
Le guide cité plus haut précise également : «Ce qui est fascinant dans ces maisons, c’est l’interpénétration des formes et des structures, de la fonction et du volume, qui va de pair avec l’emploi d’un minimum de matériaux. Les produits naturels utilisés sont ceux que l’on trouve disponible sur place : le grès, l’ardoise, le chêne, la chaux, le sable, l’argile et la paille. Tous contribuent à une harmonie naturelle qui fait de l’architecture rurale non pas tellement une forme d’art, mais bien une forme de culture, dans le sens propre du mot.»
Un itinéraire reconnu comme «Itinéraire du Conseil de l’Europe» et formé de quatre circuits transfrontaliers témoigne depuis 1987 de ces racines communes, racines que Georges Calteux commente dans ces termes : «Lorsqu’un paysage culturel montre des points communs dans les régions appartenant à différents pays, il ne peut se définir par des références à une frontière. Au contraire, il est un élément essentiel de l’entente entre les nations, en dépassant les caractéristiques nationales et en mettant en évidence des acquis communs, plus profonds, venus d’une longue histoire.»
C’est dans l’espace frontalier entre le Portugal et l’Espagne, puis dans les pays d’Europe centrale et orientale que des initiatives comparables ont été mise en œuvre.
Une relation historique naturelle s’impose également entre les villages de la partie est de la Grande Région et ceux de Transylvanie ou du Banat roumains en particulier. Une visite autour de Sibiu dans les villages qui se sont développés autour des églises fortifiées et qui témoignent de l’émigration des XIIe et XIIe siècles. On peut découvrir dans la province de Timisoara ceux qui se sont constitués, toujours grâce à l’émigration, mais à l’époque de
Marie-Thérèse Impératrice d'Autriche.